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Cipan: à quels coûts?

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Choix d'une culture intermédiaire

La Chambre d’agriculture de l’Oise, en partenariat avec le Fonds européen agricole pour le développement rural Feader, travaille à l’analyse sur plusieurs campagnes de l’incidence technique, agronomique et économique des Cipan. Une mesure des différentes composantes nécessaires à l’implantation jusqu’aux rendements de la culture suivante est réalisée sur une plate-forme mise en place à Nampcel (chez M. Moutailler).

Le choix de la Cipan entraîne des coûts de semences supplémentaires et, selon les cas, des coûts d’implantation et de destruction si celles-ci génèrent des passages spécifiques. Cependant, selon les années, chaque Cipan produit une quantité de biomasse plus ou moins importante qui :

  • capturera ou produira de l’azote pour la culture suivante
  • améliorera l’état structural des sols
  • facilitera l’assimilabilité de certains éléments fertilisant tels que le phosphore
  • aidera dans la maîtrise des adventices, soit par l’effet assommoir concurrence, soit par la sécrétion de toxines, comme le sarrasin ;
  • enrichira du sol en matières organiques.
densité
en kg
biomasse
en t/ha
MS
en t/ha
Azote capté
en kg/ha
Moutarde825,392,466
Avoine diploïde3514,521,8150
Radis638,993,3396
Moutarde d’Abyssinie-Trèfle d’Alexandrie826,612,3073
Phacélie-Trèfle1318,832,0758
Avoine-Vesce-Pois30+4018,211,8453
Radis-Phacélie4+2
Vesce-Féverole15+5034,373,0891

 *Estimation par la calculette Merci
Reliquat après récolte 133 u, date d’implantation 29 août 2012, date des pesées 17 décembre 2012

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Combien d'azote pour rentabiliser les Cipan?

Fortement dépendante des conditions climatiques, la question de la rentabilité des Cipan est centrale. Hormis l’azote facilement mesurable (même si la précision des reliquats azotés peut être discutée), les apports agronomiques comme l’amélioration structurale du sol ou de la fertilité du sol sont plus difficilement quantifiables et demandent des suivis sur le long terme.

Le surcoût éventuel d’un couvert amélioré par rapport à une moutarde représente donc le prix du service agronomique recherché.

Dans le cas des couverts ne nécessitant pas de passage spécifique pour l’implantation et la destruction (semis au cours du déchaumage et destruction par le labour), le prix de la semence est dans un premier temps l’unique facteur pris en compte dans l’évaluation de la Cipan. La référence choisie est la moutarde avec un coût de semence de 13 euros.

 

Dans ce cas de figure et pour l’année étudiée, les couverts permettent dans la majorité des cas de compenser leurs coûts de semences par l’azote qu’ils récupèrent au travers leur biomasse ; la moutarde, le radis et le mélange moutarde d’Alexandrie-trèfle d’Abyssinie (carinazote) sont largement bénéficiaires (maximum pour le radis). Le mélange phacélie-trèfle arrive juste à l’équilibre.

Le trèfle s’étant peu développé, l’intégralité de la biomasse produite provient de la phacélie. La moutarde brune ainsi que l’avoine n’ont pu récupérer en azote capté entrée hiver. Ces deux couverts sont pénalisés par des coûts de semences élevés (75 euros pour la moutarde brune  et 65 euros pour l’avoine).


Pour les espèces ou les mélanges nécessitant un passage spécifique à l’implantation (passage d’un combiné de semis ou passage supplémentaire d’un déchaumeur+semoir), la quantité d’azote à récupérer pour rentabiliser la couverture de sol est plus importante. Cependant, le service agronomique du couvert est également plus élevé.

Lorsque que l’on intègre les coûts directs d’une implantation spécifique (carburant et entretien du matériel en plus, mais hors coûts fixes), il apparaît dans notre cas de figure une grande difficulté, pour les mélanges avoine-vesce-pois et radis-phacélie-vesce-féverole, à récupérer directement l’investissement de départ. La biomasse produite en 2012 a été insuffisante.

Dans le cas d’une implantation de ces mélanges avec du matériel de semis direct, les résultats seraient plus favorables. Outre la rentabilité directe de l’année, l’emploi de ces mélanges est à mettre en parallèle avec les objectifs agronomiques qui leur sont assignés. Ils représentent un investissement et s’inscrivent dans la stratégie agronomique de l’exploitation.
La provenance des semences utilisées est aussi de nature à impacter le résultat. Parmi les autres Cipan implantées avec un déchaumeur, le radis et le carinazote présentent pour cette année un intérêt économique direct supérieur à la moutarde en plus du service agronomique qu’ils fournissent.

Si l’intérêt économique des Cipan autres que la moutarde est avéré, l’effet année, le choix du couvert, le mode d’implantation et de destruction sont des variables importantes sur la définition de leur rentabilité. De plus, les variables telles que la restructuration des sols, l’assimilabilité des éléments fertilisants, l’effet sur les adventices sont autant d’éléments à prendre en compte dans la stratégie de choix de ses couverts.


Afin mieux appréhender ces effets sur l’agriculture, la Chambre d’agriculture de l’Oise, avec la participation du Feader, va poursuivre ses travaux. La mise en place de nouveaux essais (jusqu’à la mesure des rendements des cultures qui suivent) sera alors effectuées lors de cette interculture.

Contact pour cette étude:
Philippe Billa
Chambre d’agriculture de l’Oise

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