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Diversité et alternance des cultures préservent la fertilité des sols

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Le 12 mars 2021, par Christian Lesenne, Chambre d'agriculture de la Somme

La rotation est un levier historique pour le maintien de la fertilité et la vie biologique des sols un levier incontournable pour une agriculture en marche vers l’Agroécologie.

La rotation, c’est-à-dire l’ordre de succession des cultures dans une parcelle agricole, est une nécessité. Cette nécessité est basée sur le fait que les rendements successifs d’une même plante sur la même parcelle diminuent d’année en année et jusqu’à parfois même devenir insignifiants.

Certaines cultures y sont très sensibles et demandent des temps de retour élevés (lin, pois, pomme de terre, colza, betterave). D’autres peuvent être cultivées en monoculture sans baisse significative de rendement (maïs). D’autres enfin se situent à un niveau intermédiaire (blé).

Cette notion de rotation n’est certes pas nouvelle puisqu’elle a été la base de l’agronomie pendant des siècles, avant l’arrivée des fertilisants chimiques et des produits phytosanitaires de synthèse.

L’assolement triennal était de rigueur dans notre département, dans des fermes de polycultures – élevage avec apport de fumier sur la tête d’assolement.

En remontant dans le temps, bien avant l’arrivée de la PAC et de la jachère en 1992, la terre était parfois laissée au repos, un certain temps, pour la nettoyer et augmenter sa fertilité.

Puis la généralisation de l’emploi des engrais de synthèse, l’arrivée des produits phytosanitaires, la restructuration des exploitations et l’évolution rapide de la mécanisation ont bouleversé les systèmes de culture. L’agronomie est parfois passée au second plan.

L’économie a prévalu avec le développement de cultures plus rémunératrices et avec la recherche d’une organisation de travail optimisée. Les assolements pouvaient évoluer rapidement pour profiter de prix avantageux au détriment des règles agronomiques considérées comme obsolètes pour certains.

L’agronomie revient en force

L’aspect économique et la notion de marge restent à juste raison des critères importants dans le choix des cultures de l’assolement de l’exploitation ainsi que dans les rotations des cultures pratiquées sur les parcelles. Mais depuis quelques années, nous assistons au retour en force de l’agronomie.

Plusieurs éléments expliquent cette prise de conscience des agriculteurs et des prescripteurs :

- Les problèmes de désherbage

sont maintenant récurrents en monoculture et en rotations simplifiées avec une accentuation des phénomènes de résistance, en vulpin et ray-grass notamment.

L’introduction de cultures de printemps dans les rotations permet de diminuer la pression. Elle offre aussi la possibilité d’utiliser des matières actives avec d’autres modes d’action ou de mettre en œuvre des méthodes alternatives (désherbage mécanique par exemple).


- Les phénomènes de tassement de sol

ont tendance à s’accentuer avec du matériel de récolte de plus en plus lourd et des conditions de récolte parfois limites. L’alternance culture d’hiver – culture de printemps permet de limiter ce phénomène avec une exploration différente du sol par les systèmes racinaires. Cette alternance de cycle de cultures permet aussi de couvrir le sol durant l’hiver avec des espèces diversifiées, favorables à la fertilité des sols.

- L’impact des pratiques agricoles sur la vie biologique des sols est de mieux en mieux connue.

L’allongement des rotations et la diversité des espèces (en cultures principales et en inter-cultures) ont un effet positif sur l’abondance des micro-organismes du sol et leur diversité.

La restitution des résidus de récolte et les apports de matières organiques ont également un effet très favorable sur la vie biologique des sols.


- La diversification des cultures

à l’échelle de la parcelle et des paysages à l’échelle d’un territoire contribue à la biodiversité et à la réduction de l’usage des intrants. C’est un levier essentiel de l’agro écologie.

 

Incontournable vie biologique des sols

Les enjeux pour l’agriculture samarienne sont nombreux : rentabilité des exploitations agricoles, qualité irréprochable des produits, réduction des produits phytosanitaires, limitation des gaz à effet de serre avec le stockage de carbone, ...

L’agronomie et plus particulièrement la fertilité biologique des sols sont les leviers principaux grâce à de nouveaux outils opérationnels de type bio indicateurs les agriculteurs et les prescripteurs peuvent maintenant évaluer l’impact de leurs pratiques sur la biologie des sols. Ces diagnostics faciliteront l’identification des pratiques les plus innovantes et les plus bénéfiques.

La recherche de complémentarité entre élevage et productions végétales au niveau des exploitations et au niveau d’un territoire, la diversification des systèmes de production, la diversité des paysages seront les leviers de cette agriculture en marche vers l’agroécologie.

Avec la diminution constatée de l’élevage dans notre département, la vigilance s’impose au niveau des taux de matière organique des sols. Le maintien ou l’amélioration de la fertilité des sols passera par l’allongement des rotations et des itinéraires techniques innovants (couverts diversifiés, non travail du sol).

A la veille de ma retraite professionnelle, après 40 ans de carrière, j’apprécie ce retour au premier plan de l’agronomie. Je suis confiant dans l’avenir et je ne doute pas de la capacité et de la réactivité des agriculteurs de ce département pour intégrer rapidement ces innovations pour une agriculture plus résiliente aux aléas climatiques et répondant au nouveaux enjeux de l’agroécologie.

 

Exemples de décisions non agronomiques

- L’augmentation des surfaces en blé sur blé au détriment des protéagineux ou des oléagineux.

- La réduction du temps de retour du lin lors des années fastes est passée de 6 – 7 ans à 3 - 4 ans. Cette pratique présente certes un intérêt à court terme au niveau revenu mais au niveau agronomique des rotations courtes vont vite engendrer des baisses de rendement et de recettes importantes.

- Le manque d’alternance cultures d’hiver – cultures de printemps dans certaines exploitations ou la succession de 3 à 4 cultures de printemps n’était pas rare. Dans ce cas les récoltes souvent automnales en plus ou moins bonnes conditions ne permettent pas l’implantation de couverts avant l’hiver. Les sols laissés nus sont de ce fait sensibles au ruissellement et à l’érosion.

 

La Chambre d’agriculture vous accompagne dans votre transition

La Chambre d’agriculture a engagé des travaux de recherche de références sur la fertilité des sols et renforce le conseil aux agriculteurs : diagnostic état structural, suivi matières organiques et vie biologique, choix des couverts en inter-culture, travail du sol, agriculture de conservation, mesures agro-environnementales, etc.

Faites appel à nos experts !

En parallèle, 4 GIEE (Groupement d’intérêt Economique et Environnemental) sur la thématique « Sols Vivants » sont animés par la Chambre d’agriculture de la Somme.
La préservation du capital sol est l’objectif majeur de ces projets, au travers de pratiques qui misent d’abord sur les solutions du vivant pour assurer des productions rentables, de qualité et construire des systèmes résilients face aux aléas climatiques et aux bio-agresseurs.


Contacts :

Secteur Abbeville :Sébastien Descamps, 06 09 51 72 70

Secteur Amiénois : Mathilde Lheureux, 06 10 59 43 91

Secteur Santerre :Matthieu Preudhomme, 06 20 03 76 48