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Article méthanisation

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La méthanisation, c'est bon pour le climat !

La méthanisation a un effet bénéfique sur l’effet de serre. Son premier effet est de collecter le méthane produit naturellement lors de la fermentation des déchets. Le méthane étant un gaz à effet de serre à très fort pouvoir réchauffant il n’est plus libéré dans l’atmosphère. Le biogaz est en outre une source d’énergie renouvelable qui va se substituer à d’autres sources d’énergie fossiles, plus polluantes.

Enfin, la valorisation des digestats comme engrais agricole permet de diminuer l’utilisation d’engrais azotés chimiques forts consommateurs d’énergie pour leur production.
Une étude de l’institut de l’élevage évalue que dans une exploitation laitière, la méthanisation permet d’améliorer le bilan carbone de l’exploitation de 5.9% à 11%.


de quoi parle-t-on ?

La méthanisation est un processus biologique de dégradation de la matière organique, par des bactéries, en absence d’oxygène et en conditions contrôlées. Ce processus conduit à la production d’un mélange gazeux composé majoritairement de méthane (CH4). Les résidus issus de cette digestion composent le digestat qui contient de la matière organique non dégradée, de la matière minérale (azote, phosphore, potasse...) et de l’eau. L’azote du digestat étant réduit sous forme ammoniacale, ce dernier possède les qualités agronomiques d’un engrais minéral complet.

En méthanisation agricole, les effluents d’élevage et les résidus de cultures constituent les substrats majoritaires. A ces substrats s’ajoutent souvent des déchets d’industries agro-alimentaires et de collectivités

Les effluents d’élevages présentent un faible pouvoir méthanogène mais apportent les bactéries et stabilisent les processus biologiques. Associés à des résidus de cultures ou à des déchets IAA, ils permettent d’optimiser le rendement méthane.

vous avez dit combien ?

En Picardie le gisement de déchets fermentescibles est très important. Il est estimé à 1600 GWh d’énergie primaire soit l’équivalent de 145 000 tonnes de fioul domestique soit encore la consommation en énergie de 89000 foyers. Toutefois notre région est très en retard sur le nombre de réalisations.

Seuls 4 projets de méthanisation agricole seront mis en exploitation dans le courant de l’année 2015. En fonction du gisement de substrats disponible le nombre d’installations potentiel à l’horizon 2030 pourrait être compris entre 160 et 200 unités.

ça vaut le coup ?

Aujourd’hui la valorisation du biogaz se fait selon 2 voies, la production d’électricité en cogénération ou l’injection du biométhane dans le réseau.

L’investissement en cogénération : varie de 6 000 à 12 000 € /kWélectrique. Il est dégressif selon la taille de l’installation. Pour une installation de 200 kW électrique, il s’agit de la puissance de la génératrice, le coût de l’installation est d’environ 1,5 million d’euros.

L’électricité produite est vendu à EDF en obligation d’achat sur 15 ans. Les tarifs d’achat varient de 16.5 à 22 c€/kWh – arrêté du 30 octobre 2015. Aujourd’hui il est également possible d’injecter le biogaz épuré dans le réseau gaz de Ville de GRDF. Dans ce cas le tarif de rachat est de 6,5 à 12,5 c€/kWh (arrêté du 23 novembre 2011).

j'en connais qui l'ont fait

Depuis 6 ans la méthanisation agricole bénéficie de conditions réglementaires plus souples et de conditions tarifaires plus favorables.  Le nombre d’installations a triplé en 3 ans au niveau national. En 2015 la Picardie n’est pas en reste par rapport aux autres régions. 4 projets de méthanisation agricole seront mis en exploitation dans le courant de l’année.


> SARL Bio Aisnergies à ANGUILCOURT LE SART (Aisne). Le projet est porté par un agriculteur et utilise la voie liquide comme technologie. 15400 tonnes sont traités tous les ans pour une puissance électrique de 450 kW (constructeur: AEB Méthafrance)

> Gaec Manscourt à HARTENNES ET TAUX (Aisne). Le projet est porté par un agriculteur et utilise la voie liquide comme technologie. 10900 tonnes sont traités tous les ans pour une puissance électrique de 250 kW (constructeur: Methalac Domaix)

> Sarl Dan Frères à VERSIGNY (Oise). Le projet est porté par un agriculteur et utilise la voie liquide comme technologie. 10400 tonnes sont traités tous les ans pour une puissance électrique de 220 kW (constructeur: Valogreen)

> Endiverie Soyécourt à SOYÉCOURT (Somme). Le projet est porté par une coopérative et utilise la voie liquide comme technologie. 14000 tonnes sont traités tous les ans pour une puissance électrique de 499 kW (constructeur: GreenWatt)

Témoignage - Quand le fumier devient une ressources énergétique

Le premier projet de méthanisation agricole de l’Oise vient d’aboutir à Versigny, dans le Valois, et il a été rondement mené par deux frères éleveurs de 48 et 54 ans, Franck et Jean-Luc Stammose. Originaires de Seine-et-Marne, ils ont bâti un atelier hors sol de 400 taurillons en 1991, nourris à faible coût grâce aux sous-produits d’industries agro-alimentaires, nombreuses dans ce secteur de cultures industrielles (sucrerie, conserverie…).

La gestion des effluents d’élevage se faisait depuis longtemps en bonne intelligence avec les voisins polyculteurs par des échanges paille-fumier, mais l’obligation d’établir un plan d’épandage, confié à la Chambre d’agriculture de l’Oise, et le paiement de la redevance pollution les ont fait réfléchir à leur système d’élevage.

D’autant plus que la contrainte environnementale et les nuisances de l’élevage les incitaient depuis un moment à une autre gestion des effluents. Entre temps, les deux frères entrepreneurs avaient développé une activité de transport, mais l’idée de la méthanisation faisait son chemin.

Un système circulaire

Le pas a été franchi il y a plus d’un an lors de la visite d’une installation Valogreen à Gamaches-en-Vexin (Eure) chez un polyculteur-éleveur. « Quand on a entendu le co-générateur tourner alors qu’il n’y avait qu’une soixantaine de vaches allaitantes et des résidus de sucrerie pour le faire tourner, on s’est dit qu’avec le fumier de nos 400 taurillons et tous les déchets non utilisables des industries alentour, cela ne pouvait que fonctionner. »

Thomas Delacour, de la société Valogreen, est contacté et le projet se met en place. « On a choisi ce partenaire car il pouvait s’adapter à notre projet, nous faire du sur-mesure alors que les constructeurs allemands, , voulaient nous vendre du tout-fait. » Finalement, seul le co-générateur sera allemand.

Xavier Téterel, conseiller spécialisé à la Chambre d’agriculture de l’Oise, est ensuite intervenu en appui pour  la demande de permis de construire. Le projet 1.5 millions d’euros a également bénéficié d’une subvention de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)

L’électricité est vendue à EDF par contrat de 15 ans au prix de 21 centimes par kW prix de base. La chaleur représente quand même 60 % de l’énergie produite par le méthaniseur. Elle sert d’abord à assurer à celui-ci une température constante de 40 °C nécessaire à la production de méthane, à chauffer les maisons des deux frères et le surplus est utilisé dans un séchoir à plat multi-usages.

Aller plus loin

La motivation de Jean-Luc et Franck Stammose et l’efficacité des partenaires dont la Chambre d’Agriculture ont permis à l’unité de méthanisation de voir le jour en seulement un an, de la réflexion initiale jusqu’à la production effective d’électricité. Un record en la matière. Les deux frères en sont très heureux.

«La méthanisation, c’est vraiment un truc d’éleveurs : malgré les alarmes que nous recevons sur nos smartphones, il faut assurer une présence sur place. Dans la phase de mise en route, nous recevions plusieurs alarmes par jour, maintenant, c’est seulement une par semaine. Cela tourne bien».

Et les deux frères d’imaginer déjà un avenir : «maintenant que nous valorisons intelligemment et sans nuire à l’environnement les effluents de notre élevage, nous aimerions pouvoir produire du bio-carburant avec le méthaniseur afin de faire rouler notre flotte de camions et les tracteurs de la ferme.»

Bref aller encore plus loin dans la recherche d’une autonomie vertueuse. On ne se refait pas.


Auteur : Xavier Teterel, Chambre d'agriculture de l'Oise
Article réalisé dans le cadre du groupe régional « Energie, Biomasse, Climat » coordonné par la Chambre Régionale de Picardie- Elodie Nguyen 03 22 33 69 53 et avec le soutien du Casdar